L’évolution des techniques ces dernières années a rendu toutefois l’opération moins lourde, avec une prise en charge sur-mesure qui intègre dès le départ l’étape suivante, la chirurgie de reconstitution mammaire.
Qu’est ce qu’une mastectomie ?
La mastectomie correspond à la technique chirurgicale d’ablation complète du sein.
Cette intervention se réalise essentiellement dans deux cas.
C’est une chirurgie curative, quand il s’agit de traiter un cancer du sein. L’exérèse est le plus souvent complète pour retirer l’ensemble des cellules pouvant évoluer.
Après une mastectomie, le risque de récidive d’un cancer du sein est extrêmement faible, mais jamais nul. Effectivement, il est impossible de retirer chirurgicalement de façon certaine 100% de la glande mammaire.
C’est parfois aussi une chirurgie préventive. Cette mastectomie prophylactique concerne les patientes présentant un risque important de développer un cancer du sein, bien que ne présentant pas encore de lésions cancéreuses : cette chirurgie du sein est proposée pour diminuer le risque.
Cette intervention est devenue très demandée chez ces patientes à haut risque, depuis que l’actrice Angelina Jolie l’a réalisée. Elle présentait une mutation génétique la prédisposant au cancer du sein, ce qui l’a conduit à se faire retirer les deux seins, avec une reconstruction mammaire secondaire dans le même temps.
Dans quels cas envisage-t-on une mastectomie ?
L’exérèse totale du sein peut être faite en traitement ou en prophylaxie.
Quand faire une mastectomie curative ?
La mastectomie curative est indiquée comme traitement chirurgical de première intention sur les cancers du sein dont la taille est relativement importante, et pour lesquels un traitement conservateur n’est pas possible.
C’est plus le volume que la malignité de la tumeur qui détermine ce choix :
- Tumeur cancéreuse infiltrante de plus de 3 cm
- Tumeurs multifocales, avec au moins deux nodules cancéreux
- Tumeur profonde ou de forme complexe in situ
La mastectomie curative est aussi proposée en traitement chirurgical de seconde intention sur une récidive de cancer du sein déjà traité par chimiothérapie.
Quand faire une mastectomie préventive ?
La mastectomie préventive est indiquée sur les patientes présentant une mutation génétique sur le gène BRCA1 ou BRCA2 (Breast Cancer Antigen).
Cette mutation est associée à un risque de cancer du sein de 80%.
La mastectomie diminue alors le risque à environ 6 % selon l’INSERM.
Quelles sont les différentes techniques de mastectomie ?
La chirurgie non conservatrice du cancer a connu de nombreuses avancées ces dernières années : le succès chirurgical s’est accru, et les suites post-opératoires sont plus douces.
La mastectomie classique
La mastectomie classique, sans conservation de l’aréole et du mamelon, est la technique la plus réalisée. Cette méthode opératoire ne permet pas de réaliser une reconstruction immédiate, dans le même temps chirurgical.
En effet, l’objectif est de retirer la glande mammaire, mais aussi un quantité important de peau au niveau du sein : l’objectif est d’obtenir une paroi thoracique plane afin de pouvoir mettre en place une prothèse mammaire externe dans les sous-vêtements.
Cette solution est temporaire.
La cicatrice est généralement horizontale ou légèrement inclinée. La taille de cette cicatrice va dépendre de la quantité de peau à retirer.
Le mamelon et l’aréole ne sont pas conservés, mais pourront être reconstruits dans un second temps si la patiente le souhaite.
La mastectomie avec conservation de l’étui cutané
La mastectomie avec conservation de l’étui cutané est une technique permettant de réaliser dans le même temps opératoire le retrait de la glande mammaire et une reconstruction mammaire immédiate. L’objectif est donc de garder le maximum de peau du sein, afin d’obtenir un résultat le plus naturel possible. Réaliser une mastectomie avec conservation de l’étui cutané ne présente pas un risque plus important de développer un nouveau cancer qu’une mastectomie classique.
La mastectomie avec conservation de l’aréole et du mamelon
La mastectomie avec conservation de l’aréole et du mamelon est la technique de mastectomie la plus conservatrice et qui donne les meilleurs résultats esthétiques. En effet, le chirurgien va conserver toute la peau du sein et l’aréole et le mamelon. Cette technique est toujours associée à une reconstruction mammaire immédiate.
Quelles sont les précautions après une mastectomie ?
Après le retrait du tissu mammaire et de la tumeur, des bleus peuvent apparaître au niveau de la peau du sein opéré, et on observe parfois un changement de couleur transitoire de la peau. C’est normal et il ne faut pas s’en inquiéter.
Quelle que soit la technique choisie, il sera nécessaire de poser un drain (ou redon) pendant l’intervention. Il a pour but de drainer les sérosités inflammatoires. Ce drain sera retiré en fonction de la quantité de lymphe qu’on récupère au niveau de petites bouteilles rattachées à ce drain. Il est tout à fait possible de rentrer à la maison avec ses drains et d’effectuer ces soins très classiques par une infirmière à domicile.
Dans certains cas, la peau de mastectomie peut souffrir un peu et ne pas survivre de façon partielle : on parle de nécrose cutanée. Cette nécrose peut être traitée par de simples pansements ou nécessiter une courte réintervention chirurgicale.
Même en cas de reconstruction mammaire immédiate, après une mastectomie, la sensibilité de la poitrine disparaît.
Elle peut revenir de façon partielle dans les mois ou les années qui suivent.
Parfois, une poche d’eau sous la peau peut apparaître après l’ablation des drains. C’est très classique. Si la quantité d’œdème n’est pas gênante, il vaut mieux la négliger et attendre qu’elle se résorbe toute seule. Si par contre le volume devient important et douloureux, une simple ponction évacuatrice est possible en consultation, sans acte chirurgical. Le port d’un soutien-gorge modelant peut limiter ce décollement tissulaire.
Le port d’une prothèse mammaire externe est sinon tout à fait possible quelques jours après l’intervention.
Nos échanges avec les internautes
Fleur
Publié le 06 janvier 2025
Bonjour Docteur ! Vous avez parlé de la mastectomie avec conservation de l’aréole et du mamelon. C’est super de savoir qu’on peut garder un aspect naturel du sein, mais est-ce qu’il y a des risques spécifiques à cette approche ? Est-ce qu’on perd de la sensibilité à ce niveau ? Merci d’avance.
Dr Benjamin SARFATI
Publié le 11 janvier 2025
Madame,
Merci pour votre question. La mastectomie avec conservation de l’aréole et du mamelon (appelée mastectomie conservatrice ou « nipple-sparing mastectomy ») est une technique qui permet de préserver l’aspect naturel du sein tout en retirant le tissu mammaire. Elle offre des avantages esthétiques significatifs, mais il est important de connaître les risques associés.
1. Risque de perte de sensibilité
Il est possible de ressentir une diminution, voire une perte complète de sensibilité au niveau de l’aréole et du mamelon. Cela dépend de la capacité à préserver les nerfs environnants lors de l’intervention. La récupération de la sensibilité, si elle se produit, peut être partielle et prendre plusieurs mois.
2. Risque de nécrose
La vascularisation de l’aréole et du mamelon peut être fragilisée après la mastectomie, surtout si des facteurs comme le tabagisme, le diabète ou des antécédents de radiothérapie sont présents. Cela peut entraîner une nécrose partielle ou totale des tissus conservés, bien que cela reste rare avec une prise en charge experte.
3. Risque oncologique
Bien que cette technique soit adaptée à certains types de cancers ou en prévention (mastectomie prophylactique), un très faible risque résiduel de tissu mammaire sous l’aréole existe. Une évaluation oncologique rigoureuse est donc essentielle avant de choisir cette option.
En conclusion
La mastectomie conservatrice est une excellente option lorsqu’elle est indiquée, mais elle nécessite une analyse précise de votre situation médicale et de vos attentes. Je vous recommande de discuter de ces points avec votre chirurgien pour bien comprendre les bénéfices et les éventuels risques dans votre cas spécifique.
Cordialement.
Nicole
Publié le 06 janvier 2025
Bonjour Docteur J’ai 40 ans et j’ai dû subir une mastectomie après un cancer du sein. Je n’ai pas fait de reconstruction tout de suite, du coup je me sens un peu « cassée » au niveau du sein. Le retrait de la glande mammaire, c’est un sacré chamboulement, mais je sais que c’est pour ma santé. Par contre, je me demande si je peux vivre comme ça ou si je devrais envisager une reconstruction plus tard. Est ce que ça vaut vraiment le coup d’attendre, ou il y a d’autres solutions pour me sentir mieux dans ma peau Merci beaucoup.
Dr Benjamin SARFATI
Publié le 11 janvier 2025
Madame,
Merci pour votre message et pour la confiance que vous témoignez en partageant votre expérience. Le vécu après une mastectomie est unique à chaque personne, et il est tout à fait compréhensible de ressentir un besoin de retrouver une harmonie corporelle.
1. Vivre sans reconstruction
Certaines patientes choisissent de ne pas recourir à une reconstruction mammaire et se sentent bien avec cette décision. Des options comme le port de prothèses externes (dans un soutien-gorge adapté) permettent d’équilibrer la silhouette sans intervention supplémentaire. Si cette approche vous convient, il n’y a aucune obligation de procéder à une reconstruction.
2. Reconstruction mammaire différée
La reconstruction mammaire peut être réalisée à tout moment, même plusieurs années après une mastectomie. Elle offre plusieurs options adaptées à vos préférences et à votre état de santé :
• Reconstruction par implant : Une technique relativement simple et rapide.
• Reconstruction par lambeaux autologues : Utilisation de vos propres tissus pour un résultat naturel, mais avec une intervention plus complexe.
• Lipofilling : Injection de graisse pour améliorer le volume et la forme.
Attendre peut aussi permettre de mieux réfléchir à vos attentes et de choisir le moment où vous vous sentez prête, physiquement et psychologiquement.
3. Autres solutions pour mieux vivre la transition
Outre les solutions chirurgicales, vous pourriez envisager un accompagnement comme :
• Thérapie ou soutien psychologique : Pour vous aider à retrouver une image de vous-même positive.
• Ateliers ou groupes de parole : Partager avec d’autres personnes ayant vécu une mastectomie peut être très enrichissant.
En résumé, il n’y a pas de « bonne » ou « mauvaise » décision. Ce qui compte, c’est ce qui vous fait vous sentir mieux. Je vous invite à consulter un chirurgien spécialisé en reconstruction mammaire pour discuter de vos options si vous envisagez cette voie.
Cordialement.